Audit clinique

Comme praticien, vous constatez que plusieurs de vos patients se plaignent de nausées et vomissements (N&V) après les procédures chirurgicales. Une des méthodes qui vous renseignera de l’étendu du problème et comment améliorer votre pratique est de réaliser  un audit clinique (AC).

 

AC est un processus méthodique, indépendant et documenté, permettant d’obtenir des preuves objectives et de les évaluer de manière objective pour déterminer dans quelle mesure les critères d’audit (selon les référentielles choisis) sont satisfaits.

 

L’AC est aussi une méthode d’évaluation des pratiques par comparaison à des références admises.

 

Sa principale caractéristique est de mesurer les écarts entre la pratique observée et la pratique attendue (généralement exprimée dans les recommandations professionnelles).

 

C’est une méthode orientée vers l’action. Son but est d’améliorer la qualité des soins et des pratiques dans les services délivrés aux patients.

 

La réussite de l’AC et son plan d’amélioration, dépendent de la qualité de la conduite du projet et de l’accompagnement du changement.

 

Le plan d’amélioration découle des conclusions de l’AC. Il est décidé et mis en œuvre par les professionnels de santé concernés puis, évalué.

 

Lors de la mise en œuvre du plan d’amélioration trois phases peuvent être identifiées : la création d’une dynamique de changement, la définition et le pilotage du plan d’action et la réévaluation de la situation.

 

QUI DOIT RÉALISER AC ?

Toute personne faisant partie d’un établissement de santé peut réaliser des missions d’audit dans son établissement voir entre établissement, il suffit d’avoir ou d’acquérir certaines connaissances et aptitudes incontournables au succès de l’audit tel que :

 

  • Une bonne expérience professionnelle, une formation à la pratique de l’audit et aussi une expérience d’audit.
  • A cela devra s’ajouter plusieurs qualités personnelles, en matière de déontologie, de conscience professionnelle, d’impartialité et d’objectivité
  • Aptitude à avoir fondée sur la preuve
 LES PHASES DE L’AUDIT CLINIQUE

 

L’audit clinique peut se résumer en 5 principales phases :

 

 :: Choix d’un thème

  • Le choix du thème est défini en fonction de la fréquence de la pratique, du risque encouru par le patient, des problèmes rencontrés, du potentiel d’amélioration et de l’existence de références scientifiques, réglementaires ou professionnelles.


Exemple de thèmes : L’incidence des nausées et vomissement après chirurgie

 :: Choix des critères d’évaluation

  • Les critères d’évaluation correspondent à un nombre limité d’objectifs d’amélioration de la qualité des soins. Leur détermination s’appuie sur l’analyse :
  • de la littérature disponible (scientifique, professionnelle, réglementaire), le plus souvent sous la forme de recommandations de bonne pratique de grade élevé (à haut niveau de preuve) ou sur un fort consensus professionnel ;
  • des points critiques de la pratique (existence d’un potentiel d’amélioration de la qualité des soins).

Dans notre exemple : Ces critères peuvent être :

  • % des patients qui rentrent dans l’évaluation du risque de N&V
  • % des patients qui reçoivent une prévention selon les protocoles locaux
  • % des patients qui reçoivent un traitement de N&V basé sur les protocoles locaux

 :: Évaluation des pratiques

  • Le niveau d’atteinte de chaque critère d’évaluation est calculé à partir de données cliniques recueillies soit de façon prospective, soit de façon rétrospective, notamment par analyse des dossiers de patients. Une dizaine de dossiers doivent au minimum être pris en compte, sauf dans le cas où le nombre de dossiers est inférieur à 10, la totalité des dossiers concernés est alors prise en compte dans l’évaluation. La durée ne doit pas généralement dépassée 4 semaines pour des AC locaux.
  • Les résultats traduisent les écarts entre la pratique réelle observée et la pratique attendue ou recommandée.
  • Ils sont analysés par les professionnels, de préférence collectivement, afin de déterminer les raisons des écarts constatés, notamment celles liées aux pratiques ou à l’organisation des soins.

 :: Mise en place d’actions d’amélioration

  • Cette analyse doit déboucher sur l’identification et la mise en œuvre d’actions d’amélioration de la qualité des soins. Ces actions doivent être concrètes, faisables, organisées dans le temps et suivies.


Dans notre exemple : L’incidence des N&V est de 40%, 30% plus élevé que les standards internationaux. Une analyse des cause de cette déviation a révélé que l’établissement ne suit pas les protocoles de la Société Marocaine Des Anesthésistes et Réanimateurs (SMAR) pour la prévention des N&V. De ce fait, comme plan d’action, nous avons introduit des protocoles dans l’établissement : les protocoles de la SMAR et nous avons planifier un programme de formation.

 :: Réévaluation des pratiques

  • La pratique est de nouveau évaluée à partir des mêmes critères d’évaluation et des mêmes modalités que précédemment.
  • Cette réévaluation permet de suivre l’efficacité des actions d’amélioration des pratiques mises en œuvre.
  • Des retours d’informations sur les performances (feedback) rapides et fréquents, verbaux et/ou écrits de préférence, sont réalisés auprès des professionnels impliqués dans l’audit à chaque étape clé (exemples : première mesure, mise en place et suivi des actions d’amélioration, deuxième mesure).

(*)  Comment ? / Quoi ? / Quand ? / Qui ? / Où ? / Pourquoi


Référence :


1/ The Royal College of Anaesthetists. Raising the Standard: a compendium of audit recipes for continuous quality improvement in anaesthesia :


https://www.rcoa.ac.uk/document-store/audit-recipe-book-3rd-edition-2012 (last visit June 2019)

(L’audit Clinique est un important thèmes dans la démarche qualité de ‘For Better Health’. Nous organisons aussi des ateliers de formations pour médecins, infirmiers et médecins en formation)